Ta promesse
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Camille Laurens

Un livre sur l'emprise psychologique

Toujours dans son travail d’autofiction, Camille Laurens plonge le lecteur dans Ta promesse dans une histoire d’amour débutant comme un conte de fée et se terminant en cauchemar. 

Page 242, elle écrit « C’est difficile d’avertir quelqu’un qui est amoureux. Il n’écoute pas et il vous en veut. Elle a eu des doutes, parfois, mais son intuition restait floue, comme si elle ne pouvait pas y croire. Elle lui donnait toujours une nouvelle chance. Et puis elle oubliait. »

Page 307, l’auteure écrit à la seconde personne à la place de Gilles, comme une revanche sur cet homme (inspiré de sa vie réelle ?), une plongée dans le cerveau d’un pervers : « Tu te tais un instant. L’ironie te déstabilise. C’est ce qui est retors, avec Claire, qui tout à la fois t’étonne, elle, aucune critique ne paraît l’atteindre. Tu l’expliquerais volontiers par un narcissisme exacerbé, bien qu’elle ne soit plus de première jeunesse. Dans tous les cas, tu es dérouté car c’est précisément ce que tu vises : déclencher une dispute, au moins un doute, en l’attaquant sur un point faible – en général, chez les femmes, un détail physique : l’efficacité est redoutable. A l’époque, la thérapeute de couple t’avait fait remarquer que Violetta souffrait de tes piques répétées, elle t’avait exhorté à reconnaître en toi ce mauvais instinct et à le combattre lorsqu’il survenait – sans succès, d’après Violetta. »

Extraits

Page 15

« Ça m’a fait du bien d’écrire la dernière page, enfin l’une des dernières pages, le début de la fin, quand Claire, ma narratrice, découvre la preuve, c’est-à-dire un fait pour lequel il n’y a pas d’interprétation possible, un fait monolithique, nouveau mais irréfutable, daté, nommé, un fait brut étranger à toute subjectivité. Cette découverte clôt l’enquête angoissée à laquelle je soumets sa vie depuis des mois, à tourner autour de bribes, de souvenirs, de témoignages et d’hypothèses contradictoires, sans trouver vraiment ni une forme ni un sens, encore moins une certitude. Il faut que ce livre finisse comme finit un roman policier : par la vérité. Car la vérité existe, n’en déplaise aux hérauts de la nuance, aux champions de l’ambivalence, aux tenants de la fiction universelle. A un moment, dans le champ de la vie, quelque chose est vrai ou faux, fait ou fable. Cela ne dure peut-être qu’un moment, mais c’est un moment de vérité. Or, tout le monde a peur de la vérité. On traîne les pieds, on y va à reculons, on tergiverse. On ne veut pas la vérité, on veut la paix. Non, pas la paix. La tranquillité. La vérité est une aventure, or on veut être tranquille, peu importe le prix. Mais un roman ne doit pas sacrifier la vérité, il perdrait sa raison d’être, qui consiste à s’y risquer, quelle qu’elle soit. Si vous n’écrivez pas pour la chercher, n’écrivez pas. »

L'avis de Charlotte

Ce n’est pas tant un livre sur l’emprise que sur une femme qui devient « folle » petit à petit à cause de la manipulation psychologique qu’elle subit. Par moment, le scénario peut paraître un peu grossier tellement le héros Gilles est détestable mais malgré ce manque de finesse par moment, le roman reste excellent. 

8,5/10

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