L'homme de la montagne
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Joyce Maynard

Un immense coup de cœur

L’homme de la montagne est un excellent roman. Pour une fois, je préfère le titre français à l’original After Her. L’homme de la montagne est impactant et résume parfaitement le bouquin. Il nous invite à ouvrir le livre, nous interroge, nous incite à déguster ses premières pages.

Je vous mets au défi de ne pas vous laisser séduire par Anthony Torricelli, le charismatique père de Rachel et Patty. Inspecteur en Californie du Nord en 1979, il cherche désespérément à attraper un tueur en série qui sévit dans la montagne. L' »Etrangleur du Crépuscule » tue des jeunes femmes. Trente ans après, Rachel raconte l’histoire de cet été là. Le roman débute – dans le prologue – par cette phrase : « Il y a un peu plus de trente ans, un jour de juin au coucher du soleil – sur un versant de montagne dans le Marin County, Californie -, un homme s’est approché de moi, tenant dans ses mains un bout de corde à piano, avec l’intention de mettre fin à mes jours. J’avais quatorze ans, et il avait déjà tué beaucoup d’autres filles. Depuis ce jour, je sais ce que signifie regarder un homme dans les yeux en se disant que son visage est la dernière chose qu’on verra jamais.
C’est à ma sœur que je dois d’être ici pour raconter ce qui s’est passé ce soir-là. Par deux fois, ma sœur m’a sauvée, alors que moi, je n’ai pas su la sauver.
Voici notre histoire. »

Deux sujets s’entremêlent : le mystère autour de meurtre en série (ou le mystère de ce père tant aimé si peu présent) et l’entrée dans l’adolescence de Rachel, fille aînée qui donne sa voix à l’histoire. Entre Virgin Suicides (Jeffrey Eugenides, 2000) et l’excellent Dans la forêt (Jean Hegland, 2017).

L'homme de la montagne - Joyce Maynard

Extraits

Page 216 – L’héroïne décrit ce qu’est une fille de treize ans

« La fille de treize ans déteste sa mère. Adore son père. Déteste son père. Adore sa mère. Alors quoi ?
Les filles de treize ans sont grandes et petites, grosses et maigres. Ni l’un ni l’autre, ou les deux. Elles ont la peau la plus douce, la plus parfaite, et parfois, en l’espace d’une nuit, leur visage devient une sorte de gâchis. Elles peuvent pleurer à la vue d’un oiseau mort et paraître sans cœur à l’enterrement de leurs grands-parents. Elles sont tendres. Méchantes. Brillantes. Idiotes. Laides. Belles.
Quant au sexe… Le sexe est une chose répugnante, effrayante et irrésistible. Une fille de treize ans ne veut pas penser au sexe. Elle ne pense qu’à cela.
Pour elle, tout est tragique. Sa sensibilité est dix fois plus exacerbée que celle des adolescentes de quinze ans et des gamines de dix ans. Avoir ses règles – ou ne pas les avoir, comme ce fut mon cas -, c’est posséder le plus mystérieux des secrets. On peut donc se balader, comme si rien d’inhabituel ne se passait, alors que tout ce sang coule entre vos jambes ? Personne ne dit rien. Elle seule le sait. »

L'avis de Charlotte

Les phrases sont flamboyantes, le récit envoûtant : j’ai dévoré ce livre. A lire et offrir sans modération ! 

9/10

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