Karoo
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Steve Tesich
Aujourd’hui, je vous prĂ©sente un de mes coups de cĹ“ur : Karoo Ă©crit par feu Steve Tesich (1942-1996) et publiĂ© dans la superbe maison d’Ă©dition Monsieur Toussaint Louverture. Je vous invite Ă dĂ©couvrir la biographie de cet auteur yougoslave. Livre posthume, dont la rĂ©daction a Ă©tĂ© achevĂ©e quelques jours seulement avant la mort de son auteur, notre curiositĂ© a Ă©tĂ© titillĂ©e ! Et, au vu du considĂ©rable lancement de son prĂ©cĂ©dent roman Price, flanquĂ© Ă coup d’immenses affiches dans la capitale et en province en 2015, il nous fallait dĂ©couvrir sans attendre qui Ă©tait cet auteur mĂ©connu et devenu une rĂ©fĂ©rence.
Karoo : un remarquable scénario
Le personnage principal et Ă©ponyme de ce roman est Saul Karoo. Nous le dĂ©testons ce Saul, sans pouvoir nous empĂŞcher de l’aimer. En effet, nous nous reconnaissons en lui, parfois beaucoup, parfois pas du tout, parfois dans ses pires actions ou pensĂ©es. Nous avons beau le haĂŻr de tout notre coeur, Saul est tenace, Saul agit comme nous rĂŞverions de le faire sans oser, Saul a sa propre dĂ©finition de la morale, de l’amour, de l’intimitĂ©, des addictions, de la vie, des relations humaines. Ce hĂ©ros est un homme sarcastique, cynique, la cinquantaine, le corps qui part en miettes suite Ă des annĂ©es d’excès, un fils adoptif, une ex-femme passant au travers de quelques pages, des cigarettes, de l’alcool sans ivresse et Hollywood et les annĂ©es 90 en toile de fond. Saul Karoo est un « script doctor », il rĂ©Ă©crit, rĂ© arrange des scripts ratĂ©s pour le cinĂ©ma. Il est tellement talentueux qu’il fait de mĂŞme pour sa vie personnelle. Mais un jour, il fait la connaissance d’une femme, Leila Millar et dĂ©couvre qu’ils ont en commun un lourd secret. C’est le dĂ©but de la fin pour Saul Karoo …
L'avis de Charlotte
Un livre qui nous inspire ! Métaphore d’une maladie mentale, pamphlet contre l’alcoolisme, étude sur les dépressifs ? Nous n’en dirons pas plus. D’autant que ce livre semble être interprété de bien des manières selon les lecteurs, ce qui en fait un plaisir que l’on peut s’approprier. Nous rappelant, de loin, l’univers de Bret Easton Ellis, un mélange de Lunar Park et de Moins que zéro, Karoo de Steve Tesich est un régal que l’on dévore d’une traite, au risque de ne pas fermer l’œil de la nuit.
Adeptes de l’ironie et de l’humour noir, vous vous rĂ©galerez, mĂŞme si une petite voix dans votre for intĂ©rieur ne pourra s’empĂŞcher de se demander : s’agit-il rĂ©ellement de second degrĂ© ? Un humour grinçant, des dialogues Ă©poustouflants, un style lĂ©ger mais parfaitement maĂ®trisĂ©, on a envie de prendre des notes en lisant le livre, s’extasiant sur certaines phrases, si simplement Ă©crites mais si justes, pleines de sens, d’esprit et d’humour. On est tentĂ© d’en retenir, pour dĂ©biter des citations de ce livre et briller en soirĂ©e. Et allez, on vous offre une citation qui ne vous dĂ©voilera rien : « Un des effets secondaires les plus dĂ©courageants de mon incapacitĂ© Ă m’enivrer n’était pas que je subissais ces ragots alors que j’étais sobre, mais que j’allais m’en souvenir le lendemain. L’amnĂ©sie Ă©tait l’un des vrais plaisirs de l’ivresse. […] Chaque matin Ă©tait un nouveau commencement. J’étais synchrone avec la nature. La mort le soir, la naissance et le renouveau au matin. »Â
Si vous doutez de nous, passez chez votre libraire préféré et lisez les deux premières pages, vous ne pourrez plus vous arrêter !