État des lieux
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Déborah Levy
Etat des lieux est le troisième tome d’une œuvre autobiographique (après Ce que je ne veux pas savoir et Le coût de la vie) de l’autrice Deborah Levy, née en Afrique du Sud, ayant grandi à Londres. Nous sommes plongés dans une sorte de journal de Deborah Levy, comme une toile qui se tisse, on suit ses divagations et ses réflexions teintées de philosophie.
Extrait
Page 13
« Apparemment, acquérir une maison n’était pas la même chose qu’acquérir un foyer. Une question liée au foyer me tournait autour et je l’éloignais à coups de tapette chaque fois qu’elle se posait à proximité. Qui d’autre vivait avec moi dans cette vieille demeure majestueuse avec le grenadier ? La fontaine mélancolique était-elle ma seule compagne ? Non. Il y avait forcément quelqu’un d’autre avec moi, peut-être même que cette personne se rafraîchissait les pieds dans la fontaine. Qui était cette personne ? Un fantôme. »
Page 63
« J’ai commencé à me demander si le fait de se prendre pour une reine ou, dans mon cas, pour un pharaon était une façon d’obtenir du pouvoir et de se faire respecter, ainsi qu’Agnes l’avait décrit. En ce sens, peut-être qu’il n’y a pas tant de différence entre une reine et une femme qui nourrit les pigeons sur le trottoir. Toutes les deux ont des sujets dévoués qui s’inclinent devant elles, les uns humains, les autres à plumes.
Agnes avait les cheveux très lisses. Aucune brosse n’était plantée dedans. Elle ressemblait peut-être davantage à Junon, la sainte patronne de l’Empire romain, aussi appelée « Regina » ou « Reine ». Junon arborait un diadème et était souvent représentée assise, un paon à ses pieds. J’ai gardé l’idée du paon dans un coin de ma tête pour tourmenter plus tard les producteurs de cinéma. La prochaine fois, quand on me demanderait des idées de protagoniste féminine, je dirais : « Et si on la montrait dans son humble appartement londonien en train de manger des corn-flakes, un paon à ses pieds ? ».
9/10
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